Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/206

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s’était ouverte pour livrer passage à un invité en retard, à une figure nouvelle, il avait tressailli et pâli sous son masque de cire, comme s’il se fût attendu à quelque soudaine apparition, à voir une nouvelle statue du Commandeur.

Mais, ainsi que don Juan, il avait trop de scepticisme dans l’âme et trop de foi dans son étoile pour s’arrêter longtemps à des craintes puériles, et ne pas se remettre aussitôt de ces petites alertes.

Néanmoins, il faut croire que Lapierre avait de sérieuses raisons pour observer ainsi la porte d’entrée, et dévisager tous les nouveaux arrivants, car pas une figure étrangère n’échappa à sa rapide inspection, pas un nom ne fut chuchoté sans être entendu de lui ; et, chose singulière, plus la soirée avançait, plus s’approchait, par conséquent, le moment si impatiemment attendu de son mariage, plus aussi l’inquiétude étreignait Lapierre à la gorge, plus l’effarement se lisait dans ses yeux. C’est que le coquin avait beau se répéter à lui-même que toutes ses précautions étaient bien prises, ses ennemis en lieu sûr, sa fiancée aux trois-quarts convaincue – une vague crainte, une mystérieuse terreur n’en faisait pas moins frémir les fibres les plus secrètes de son être…

« Tout cela ne servira qu’à me perdre davantage, se disait-il, si ce Després de malheur n’est pas empoigné avant d’arriver ici. »

En effet, l’enlèvement du Roi des Étudiants ! voilà ce qui préoccupait, par-dessus toutes choses, maître Lapierre ; voilà ce qui le rendait nerveux et impressionnable ; voilà ce qui lui mettait au cœur cette mystérieuse impression de terreur dont nous venons de parler.

Vers minuit, l’honnête fiancé n’y tint plus et,