Aller au contenu

Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Continue, mon cher Paul, tu en apprendras encore. »

L’étudiant reprit :

« Mon oncle et Lapierre passèrent une dizaine de jours à l’habitation, pendant lesquels ma tante et ma cousine se multiplièrent pour héberger dignement leur hôte. Laure, selon le désir de son père, s’était constituée le « cicérone » du jeune étranger et ne le quittait guère. Ils faisaient ensemble, en compagnie du colonel et de ma tante, de longues promenades à travers la plantation ou sur les bords du lac ; et, de retour à l’habitation, c’était au piano ou sous la véranda que se continuait le tête-à-tête.

« Pendant tout le temps que dura le séjour de mon oncle, je pus à peine trouver l’occasion de parler à ma cousine. Elle semblait n’avoir d’yeux et d’oreilles que pour Lapierre, et paraissait même se croire obligée de ne plus causer qu’avec lui.

« Le changement de conduite ne fit d’abord que m’étonner ; mais bientôt, à cet étonnement bien naturel se joignit une sensation étrange, une sorte de souffrance, quelque chose comme une douleur sourde, mal définie, qu’il m’était impossible de surmonter.

« La vue de ma cousine, constamment au bras de ce beau jeune homme qui lui souriait et lui parlait avec chaleur, me causait une impression tellement pénible, que je fuyais sa société et me tenais presque toujours à l’écart. J’errais seul de longues heures dans la campagne, et ce n’était qu’avec un inexprimable serrement de cœur que je rentrais à l’habitation.

« Hélas ! je venais enfin de connaître le mal