Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/210

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— Vous avez tort, mademoiselle ; car, au milieu de cet essaim de charmantes jeunes filles qui émaillent, cette nuit, vos salons, vous êtes et restez encore la plus charmante.

— En vérité, M. Lapierre, vous tournez à ravir le madrigal, et je me demande ce qui a pu vous arriver de si heureux pour que vous vous soyez transformé de la sorte. »

Le jeune homme se mordit les lèvres.

« Vous trouvez ? fit-il narquoisement.

— Mon Dieu, oui… répondit Laure négligemment. Il y a une heure à peine, vous sembliez soucieux, préoccupé…

— La promenade m’a fait du bien, répliqua Lapierre, et, d’ailleurs, me ferez-vous un crime de perdre un peu la tête à l’approche du bonheur que je rêve depuis si longtemps ? »

Laure ne répondit pas sur-le-champ. Elle plongea son regard froid et calme dans l’œil louche de son interlocuteur.

« Il y a peut-être autre chose, dit-elle…

— Autre chose ?… quoi donc ?

— L’absence de certaine personne…

— Je vous comprends, mademoiselle, répliqua gravement Lapierre ; vous voulez parler de monsieur Després, n’est-ce pas ?

— Précisément, monsieur.

— Je suis très aise que vous ayez amené la conversation sur ce terrain, car vous me fournissez l’occasion de vous dire franchement ma pensée là-dessus. Vous vous rappelez, n’est-ce pas, que vendredi dernier, sans savoir même que vous vous étiez rencontrée avec ce Després, je vous disais que mes ennemis s’agitaient dans l’ombre, tramaient contre moi, obéissant à un mot d’ordre,