Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/225

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s’arrêtèrent tout interloqués : la table était déjà occupée par trois buveurs.

Ces trois buveurs, nous les connaissons : c’étaient d’abord maître Simon, puis – ô surprise agréable ! – nos joyeuses connaissances des premiers chapitres : Lafleur et Cardon.

Comment, diable ! se fait-il que nous les trouvions là, sirotant tranquillement du whisky, pendant que leur roi, Gustave Després, est à vingt pieds d’eux qui se tord dans les spasmes de la fureur ?

Ah ! dame ! c’était un peu la faute du sort qui les avait fait naître sans le sou, pendant qu’il les avait dotés d’une soif prodigieuse – d’où était résulté un conflit permanent entre le besoin de boire et l’impossibilité de satisfaire ce besoin. La lutte avait été chaude, terrible et avec des chances à peu près égales des deux côtés, lorsqu’un beau matin, Cardon, pour sa part, dut s’avouer vaincu : la soif l’emportait, hélas !… et pas le sou !

Que faire ?… À quel saint se vouer ?… Si, encore, Bacchus se fût trouvé sur le calendrier !…

Cardon en était là de ses angoisses, lorsqu’à la nuit tombante arriva Lafleur. Le digne homme était tout pâle ; non pas de cette pâleur morbide qui suit une bamboche un peu corsée, mais de cette blancheur nerveuse qui résulte d’une grande émotion.

Il s’assit sans mot dire en face de son camarade et le regarda avec une pitié protectrice.

Puis, au bout de quelques instants de ce silence mystérieux :

« Ami Cardon ? dit-il.

— Que veux-tu ?

— As-tu trouvé ?