Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/249

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milierez pas au point d’écouter un calomniateur aussi ridicule, et qu’au contraire, vous allez le faire chasser immédiatement de ce salon par vos domestiques. »

Madame Privat, ahurie et ne sachant quel parti prendre, allait probablement donner dans ce sens, lorsque Champfort s’écria :

« Par le sang de mon oncle ! M. Lapierre, il n’en sera pas ainsi et vous allez bel et bien subir votre procès en présence de cette honorable compagnie. Si vous êtes innocent, qu’avez-vous à craindre ? On ne forgera pas, je suppose, des preuves contre vous, et ma tante ne se rendra qu’à l’évidence la plus indiscutable ! D’un autre côté, les accusations d’un homme comme Gustave Després, dont je m’honore d’être l’ami, sont fondées et prouvées, pouvons-nous, ma tante peut-elle laisser des crimes aussi odieux impunis ?… Ne doit-elle pas à la mémoire de son mari, à la société, de vous faire enfin expier la trop longue série de vos forfaits ?

— Vous auriez fait un excellent homme de loi, M. Champfort, car vous avocassez à merveille, se contenta de répondre Lapierre. Cependant, j’espère que madame Privat ne ploiera pas la tête sous vos foudres, plus bruyantes que persuasives, et qu’elle décidera de suite si c’est moi ou M. Després qui doit sortir d’ici. »

En ce moment même, Edmond était penché sur sa mère et lui parlait à l’oreille. Quand il eut fini, la veuve était fort pâle et ses yeux brillaient d’un feu singulier.

Elle entendit la dernière phrase de Lapierre, et se levant :

« Ni l’un ni l’autre ! dit-elle d’une voix ferme. Les affirmations de M. Després sont trop graves,