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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/251

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Cet homme avait de la bête fauve dans le caractère, et il ne faisait pas bon de l’acculer dans ses retranchements. La cour de justice, ou plutôt le tribunal extraordinaire improvisé par la veuve du colonel, étant donc constitué, cette dernière se leva et s’adressant de nouveau à l’assemblée :

« Messieurs, dit-elle, il y a parmi vous plusieurs avocats et gens de loi, infiniment plus aptes que moi à conduire l’affaire qui nous occupe ; je les charge donc tout spécialement du soin de veiller à ce que les preuves fournies par M. Després soient de celles qui ne laissent aucun doute dans l’esprit ; et, comme il faut un président pour diriger les débats qui pourraient surgir, je propose que M. le juge X…, qui nous honore de sa présence, se charge de cette besogne, qui lui est familière.

— Adopté ! adopté ! » firent tous les voix.

Un vieillard à la physionomie avenante se leva et vint s’incliner devant l’amphitryon :

« Madame, dit-il, j’accepte la délicate mission que vous me confiez ; et, bien qu’elle soit extra-légale, je la remplirai comme si j’étais réellement sur le banc judiciaire, très heureux de vous être agréable. »

Un fauteuil fut apporté et le juge X… prit place à côté de madame Privat.

Puis Gustave Després, toujours debout en face du tribunal improvisé, s’inclina et prit ainsi la parole, d’une voix forte :

« Monsieur le juge, madame et vous tous qui m’entendez ! Ce n’est pas, veuillez le croire, pour satisfaire une mesquine passion de vengeance, ni pour poser en chevalier redresseur de torts, que vous me voyez dans cette enceinte, interrompant