Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/253

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non content de ce beau triomphe, il se disposait à ravir cette enfant à l’affection de ses vieux parents, lorsque je le forçai à s’arrêter pour se battre avec moi.

« Les criminels sont rarement courageux, et il est inouï que le cœur ne leur fasse pas défaut au moment du danger.

« C’est ce qui arriva pour Joseph Lapierre.

« Nous n’avions pas échangé quelques balles, sur un îlot perdu et au milieu des ténèbres d’une nuit sans étoiles, que la terreur empoigna mon adversaire à la gorge et qu’il se laissa choir, feignant d’avoir été tué.

« Je l’abandonnai à son sort et ramenai la jeune fille chez elle.

« Le lendemain, le misérable m’avait dénoncé aux autorités et j’étais arrêté sur la route de la frontière. Un mois plus tard, je partais pour le pénitencier de Kingston ! »

Un murmure d’indignation parcourut la salle.

« Ce n’est pas tout, reprit Després. En reconnaissant la lâcheté de son nouvel amant, la jeune fille le prit en horreur et refusa de le revoir.

« Comment se vengea-t-il de ce dédain mérité ?… En répandant sur le compte de cette malheureuse des calomnies tellement atroces, qu’elle et sa famille durent quitter la paroisse et que la vieille mère en mourut de chagrin !

« Voilà le premier pas fait par Joseph Lapierre dans la voie du crime ! »

Un second murmure, plus accentué et plus général, gronda parmi les assistants, et plusieurs bouches féminines laissèrent échapper un mot sanglant :

« Le lâche ! »