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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/259

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dans leurs habits à queue, échangèrent les réflexions philosophiques suivantes :

« Ce que c’est que de nous, mon pauvre Lafleur et comme, dans ce monde borné, les petites causes peuvent amener de grands effets !

— Comment l’entends-tu, illustre Cardon ?

— Tu vas voir : suis bien mon raisonnement.

— Je ne te quitte pas d’une semelle.

— N’est-il pas vrai que si nous n’avions pas été ivrognes comme doivent l’être d’honnêtes étudiants, nous n’aurions pas fait la connaissance de la mère Friponne ?

— C’est indubitable. Ensuite ?

— N’est-il pas également vrai, que, sans cette connaissance de la mère Friponne, nous ne serions pas allés chez elle le soir où Després y fut jeté à fond de cave ?

— Je te concède cela. Poursuis.

— N’est-il pas mêmement à présumer que, nous absents, Gustave n’aurait pu échapper et, par conséquent, arriver à temps pour empêcher Lapierre d’épouser Mlle Privat ?

— C’est plus que probable. Quelle est ta conclusion ?

— Ma conclusion, ami Lafleur, c’est qu’à quelque chose whisky est bon ! »

Et le facétieux étudiant, qui s’était donné tout le mal du monde pour en arriver à cette atroce parodie d’un aphorisme célèbre, se prit à réfléchir profondément.

Lafleur fit de même, tout en mâchonnant d’une voix distraite son "grand-père Noé".

La noce filait toujours, soulevant sur son passage l’aveuglante poussière des rues de Québec.


FIN