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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/27

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était piqué au vif, et prit la parole en ces termes :

« Il y a de cela sept ans, messieurs, je demeurais dans une petite paroisse de la rive droite du Richelieu, à peu près à mi-chemin entre Saint-Jean et le lac Champlain…

— Justement ! murmura le Caboulot.

— Quoi ? fit Després.

— Rien.

— N’interromps pas, bavard, grogna l’organe rouillé de Cardon.

« J’avais alors dix-huit ans, poursuivit Després, et je commençais mes études médicales chez le vieux médecin de l’endroit. Je menais là une vie paisible et heureuse, partageant mon temps entre l’étude au bureau de mon patron et les plaisirs tranquilles de la pêche ou ceux plus fatigantsde la chasse. J’allais aussi tous les jours m’étendre nonchalamment sous les arbres rabougris d’un petit îlot d’alluvion, formé au milieu du fleuve et pouvant avoir deux cents pas de tour.

« Rien de calme et de pittoresque comme le paysage qui se déroulait alors sous mes yeux !

« Sur la rive droite du Richelieu, ma paroisse natale — que je désignerai sous le pseudonyme de Saint-Monat — déployait sa sombre nappe de verdure, émaillée de blanches maisonnettes et accidentée, çà et là, de rochers moussus, de gorges nombreuses et de caps hardis, dont le courant léchait les pieds verdâtres. En face, sur l’autre rive, quelques maisons isolées montraient leurs façades au milieu du feuillage, et une petite rivière descendait en grondant des hauteurs boisées de l’arrière-plan, pour venir marier ses eaux à celles du fleuve, à deux arpents environ en aval de l’îlot.