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« Ces jeunes gens étaient le frère et la sœur. Leur père, un des plus riches cultivateurs de sa paroisse, demeurait non loin de là, justement à l’embouchure de la petite rivière dont je parlais tantôt. De mon poste d’observation sur l’îlot, j’avais souvent remarqué sa grande et belle maison, à moitié perdue dans le feuillage et bâtie près de la berge de la rivière.

« Grâce à ces renseignements que me donna l’enfant — car la jeune fille n’était guère en état de parler — je ramenai dans leur famille les deux naufragés.

« Inutile de vous dire que je fus fêté, choyé, caressé, comme devait l’être le sauveur de deux enfants uniques. Le père et la mère me firent promettre de les venir voir tous les jours. Désormais, j’aurais mes entrées libres dans la maison et mon couvert mis à la table de la famille.

« J’eus d’autant moins d’hésitation à prendre cet engagement, que les maîtres de la maison me parurent de charmantes gens, et leur fille Louise la plus délicieuse enfant que j’eusse rêvée. Elle avait seize ans, une taille bien prise, des cheveux blonds et des yeux noirs, admirable contraste qui lui seyait à ravir.

« Ce soir-là, je revins chez moi heureux d’avoir fait une bonne action et le cœur rempli de la blonde image de Louise.

« Le lendemain, je me jetai dans mon canot et retournai chez mes nouveaux amis, avec qui je passai une partie de la journée. Louise ne se ressentait plus des émotions de la veille, et une légère pâleur, qui la rendait dix fois plus belle, rappelait seule la terrible crise.

« Je conversai longtemps avec elle dans une dou-