Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 33 —

ce intimité. Sa voix avait un charme pénétrant et des accents d’aimable naïveté qui m’allaient à l’âme. Je vis avec joie qu’elle possédait une instruction suffisante pour alimenter une bonne causerie, et qu’elle n’en savait pas assez pour être pédante.

« Je la quittai à regret vers le soir, après lui avoir promis de revenir le lendemain et les jours suivants.

« Pendant plus d’un mois, je vécus ainsi, traversant chaque jour le fleuve en canot et ne revenant sur la rive droite qu’à la nuit.

« Quel heureux temps ! quelles heures délicieuses ! Louise et moi, nous n’étions plus seulement des amis inséparables : nous étions des amants. Je l’adorais ; elle raffolait de moi. Je trouvais longue la nuit qui nous séparait ; elle épiait avec anxiété, aux premières heures du matin, le retour de mon léger canot bondissant sur la lame ou glissant comme une flèche sur le fleuve endormi.

« Oh ! oui, le beau, le bon temps !

« C’est à cette époque — c’est-à-dire vers la fin du mois de juillet — qu’arriva à Saint-Monat un jeune homme du nom de Lapierre. Il venait de Québec, où il étudiait le droit, et comptait passer un mois ou deux de villégiature chez un de ses oncles, le voisin et l’ami de mon père.

« C’était un fort joli garçon, altéré de mouvement, passionné pour la chasse, amoureux des plaisirs champêtres. Je l’avais un peu connu autrefois, pendant mon séjour à Québec. Aussi, malgré sa mobilité d’esprit et son caractère à plusieurs faces, fûmes-nous bien vite liés d’amitié.

« Je ne faisais pas une excursion qu’il n’en fut ; je n’avais pas une relation, une connaissance dans