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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/32

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cette sympathie naissante entre les deux jeunes gens, je cherchais, au contraire, à en resserrer tous les jours les liens dorés. Il me semblait que mon bonheur ne serait complet qu’à la condition d’y faire un peu participer mon dévoué compagnon, cet excellent Lapierre.

« Un procédé si délicat ne manquait pas de toucher vivement le bon jeune homme, et il me disait souvent, en me serrant la main :

« — Gustave, tu es un cœur d’or, et je bénis le ciel qui m’a fait faire ta connaissance. Non seulement tu me procures d’agréables distractions, mais tu pousses, en outre, la complaisance jusqu’à me laisser prendre une petite place dans le cœur de ta belle fiancée. Il est si bon de sentir rayonner autour de soi la douce amitié d’une femme, que je te sais gré de m’avoir procuré ce plaisir-là. Je retournerai à Québec meilleur que je n’en suis parti, et cette amélioration sera ton œuvre.

« L’hypocrite ! le traître !… Oh ! messieurs, tenez-vous-le pour dit : c’était et c’est encore un rusé coquin que ce Lapierre. Tous les rôles lui sont bons ; aucun moyen ne lui répugne. Quand un ennemi se trouve sur son chemin, il le bouscule ; si c’est un ami, il prend une voie détournée et frappe dans le dos.

— Et c’est à un bandit de cette force que j’ai affaire ! murmura Champfort.

— Ne crains rien : je suis là ! répondit Després ; je suis là, en travers de sa route, implacable et sombre comme le châtiment !

— Moi aussi ! s’écria le Caboulot, d’une voix étrange.