Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/39

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— Gustave Després m’a sauvé la vie !

— La belle affaire ! Tout autre, à sa place, en eût fait autant. Est-ce qu’on laisse périr sous ses yeux une personne qui se noie, sans lui porter secours ?

— Je lui ai dit que je l’aimais et promis de n’être jamais qu’à lui !

— Propos d’amoureux que tout cela. Ces sortes d’engagements ne tirent pas à conséquence et se rompent tous les jours. Després a abusé de votre jeunesse et escompté votre reconnaissance, en vous faisant promettre une chose semblable. C’est tout simplement odieux. »

À cette lâche accusation de Lapierre, je me redressai, pâle de colère et prêt à bondir sur lui ; mais la voix de Louise m’arrêta.

« Laissez-moi réfléchir, disait la jeune fille. Demain, à la même heure, soyez ici : je vous dirai à quoi je suis résolue.

— Ne craignez-vous pas le retour de Després ?

— Oh ! non, il m’a déclaré que son absence durerait au moins trois jours.

— J’attendrai, puisqu’il le faut. Mais songez, Louise, que le temps presse et que la découverte de notre liaison peut tout gâter.

— Demain, j’aurai pris une décision.

— À demain, donc ! La frontière n’est pas loin et mon canot est rapide.

— Je serai prête. À demain ! »

Louise rentra, et j’entendis, à quelques pas de moi, le bruit des branches froissées par Lapierre, qui regagnait son canot.

Je le laissai partir.

Cinq minutes après, je filais silencieusement dans son sillage. Mon heureux rival fredonnait un