Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/43

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décision, car je n’ai aucunement l’intention de passer ainsi toutes les nuits à courir sur le fleuve.

« — Si nous attendions encore quelques jours…

« — Pas une heure. C’est assez d’enfantillage comme cela. Suivez-moi cette nuit même, ou retournez à votre premier amoureux… Il n’est pas fier, ce bon enfant-là, et il se fera un honneur de recueillir les débris de ma succession.

« Remarquez en passant, messieurs, comment le brutal Lapierre traitait cette jeune fille, qu’il prétendait, aimer et quelle abjecte soumission Louise avait pour lui. Il est certaines femmes qu’il faut tenir ainsi dans une crainte salutaire… La verge leur est douce et les coups de fouet leur semblent des caresses.

« Pauvre et sotte humanité !

« Mais je poursuis… Après quelques secondes, Louise répondit brusquement :

« — Vous le voulez, Joseph ? Eh bien ! que notre destinée s’accomplisse : emmenez-moi.

« Le ravisseur ne se le fit pas dire deux fois. Il saisit la jeune fille dans ses bras et la transporta dans son canot. Puis il poussa au large et disparut sur le fleuve sombre.

« Mais je l’avais prévenu. Aux dernières paroles de Louise, j’avais regagné à pas de loup mon embarcation, et je fuyais comme une flèche vers l’îlot, lorsque les fuyards se détachèrent de la rive.

« En un clin d’œil, j’avais atteint l’endroit où Lapierre, une heure auparavant, avait mis pied à terre. J’étais sûr que le coquin s’y arrêterait encore, et je l’attendais, un revolver dans chaque main, et blotti derrière un rocher.

« J’étais résolu à tout pour empêcher le rapt de se consommer ; et, plutôt que de laisser impunies