Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/51

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une dizaine d’hommes qui bondirent sur moi et m’arrêtèrent.

« Parmi ces hommes était Lapierre ; Lapierre que je croyais avoir tué et que je retrouvais plein de vie, ayant reçu tout au plus une blessure légère, à en juger par un de ses bras, qu’il portait en écharpe.

« Je compris tout.

« Le lâche, pris de terreur en se sentant atteint par ma balle, avait poussé un cri d’agonie et s’était laissé choir tout de son long, contrefaisant le mort. Puis, lorsqu’il avait bien constaté mon départ, il s’était empressé de mettre les autorités à mes trousses.

« — Ah ! ah ! mon petit Després, me dit-il avec un ricanement d’hyène, il paraît que te voilà descendu du banc de la jugerie ! C’est dommage, parole d’honneur, tu étais superbe la nuit dernière en prononçant ma sentence !… Mais, bah ! ajouta-t-il, si tu perds le rôle de juge, tu porteras toute ta vie la casaque du forçat… Elle ira mieux à ta taille !

« — Misérable chenapan ! murmurai-je avec dégoût, en lui tournant le dos.

« On me passa les menottes, comme à un malfaiteur vulgaire, et c’est ainsi que je fus conduit à Saint-Jean, où je fus interné dans la prison commune.

« Mon procès ne tarda pas à s’instruire, et, naturellement, grâce aux menées de Lapierre, je fus trouvé coupable.

« On me condamna…

— À quoi ? demandèrent les jeunes gens, voyant que Després se taisait.