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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/54

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trouvait dans les mêmes parages que lui, observant tous ses agissements, épiant ses moindres démarches, il aurait décampé sans tambour ni trompette.

« Mais j’étais si bien grimé, avec ma longue barbe que j’avais laissé croître, et je prenais tellement de précautions pour ne pas être reconnu, que maître Lapierre vivait à cet égard dans une parfaite sécurité.

« J’en profitais pour faire, moi aussi, mes petites affaires, c’est-à-dire pour accumuler contre lui autant de preuves que possible – une somme suffisante pour le faire fusiller comme un espion ennemi ; et je vous assure que je ne regardais pas beaucoup aux moyens à employer, lorsqu’il s’agissait d’augmenter ma liste.

« Un soir entre autres que, par une nuit obscure, il revenait clandestinement du quartier-général ennemi, je m’embusquai sur son passage et, après l’avoir rossé à mon goût, je le dévalisai de ses papiers, ni plus ni moins que si j’eusse été un voleur de grand chemin.

« Ce bel exploit compléta mon dossier ; car il se trouva que le misérable portait sur lui, cette nuit-là, une véritable cargaison de papiers compromettants : correspondances secrètes, instructions, etc., de quoi faire fusiller dix espions.

« Je me décidai alors à ne plus retarder le châtiment et à frapper un coup décisif.

« Ma qualité de secrétaire du général commandant l’armée me permettait de le voir à toute heure. J’allai le trouver cette nuit-là même. Le général n’était déjà plus à sa tente. Tout le camp était en mouvement. Nous marchions à l’ennemi.

« La bataille s’engagea sur toute la ligne, fu-