Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/53

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« En arrivant chez mon père, j’appris que la famille de Louise s’était éloignée de la paroisse, où les calomnies de Lapierre lui avaient fait une position intenable, et que le mécréant, après s’être ainsi vengé d’un échec matrimonial, avait gagné les États-Unis. Or, telle était ma haine contre ce scélérat, que le seul espoir de le rencontrer face à face et de me venger de ses infamies aurait été plus que suffisant pour me faire abandonner famille et patrie.

« Je partis donc pour le théâtre de la guerre, et je m’engageai dans une armée de fédéraux qui opérait alors dans le Kentucky et faisait face au général Beauregard.

« Chose inouïe, je venais de tomber juste sur l’homme que je cherchais, et je me trouvais précisément dans un des avant-postes où maître Lapierre exerçait ses nombreux talents. J’eus maintes fois l’occasion d’observer ses allées et venues d’un camp à l’autre. Mon ex-ami faisait là rondement ses petites affaires, à ce qu’il paraissait. Il était à la fois commissaire des vivres, espion et agent de recrutement, pour le compte de l’armée du Nord.

« Tu as vu, Champfort, comment le triste personnage opérait et quelle habileté il savait déployer dans ses multiples occupations.

« Eh bien ! le rôle qu’il a joué vis-à-vis du colonel Privat n’était que la centième répétition de comédies aussi odieuses, exécutées aux avant-postes des armées, tantôt au détriment des confédérés, tantôt à celui des fédéraux, suivant le bon plaisir de ses intérêts pécuniaires, à lui.

« Il est infiniment probable que si l’audacieux coquin avait su que son plus mortel ennemi se