Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/7

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quand le jeune homme, se rendant aux arguments irrésistibles de son ami Després, s’assit autour de la table du festin bachique et fit mine d’en prendre sa bonne part.

Une première rasade fut versée par Després.

— Je bois à ton bonheur, Champfort, fit-il en élevant son verre.

— Moi, à tes succès en médecine, dit Cardon.

— Et moi, à l’heureuse issue de ton examen final, continua Lafleur.

— Moi, Champfort, je bois à tes amours ! cria le Caboulot, de cette voix perçante qui dominait tous les bruits.

À cette dernière santé, un nuage passa sur le front de Champfort. Le sourire disparut de ses lèvres, et ce fut d’un ton presque solennel qu’il répondit, en se levant :

— Merci, Caboulot, merci, mes bons amis. Je prends actes de vos bienveillants souhaits. Devant entrer bientôt dans la rude vie professionnelle, j’ai besoin que la chaude amitié dont vous m’avez toujours entouré ne me fasse pas défaut. Et si quelque amertume, quelque déboire m’attend au début, j’aurai du moins, pour atténuer ma mélancolie, le souvenir de vos bons procédés à mon égard.

Champfort se rassit et chacun but silencieusement son verre, comme si les paroles émues du jeune homme eussent voilé quelque inexorable chagrin. Tant il est vrai que chez ces généreuses natures d’étudiants, la sympathie ne se fait jamais attendre et jaillit toujours spontanément, au moindre appel.

Mais cette éclipse de gaieté dura peu.

Quand on est en chemin d’herboriser dans les vi-