Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/86

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inconsidérément dans les serres redoutables du mariage : et cette raison bien simple, c’est que la chère femme n’était pour rien dans le choix de Laure.

Expliquons-nous.

Mme Privat avait bien, dès la première apparition en Louisiane de Lapierre, en compagnie du colonel, accueilli le jeune homme avec beaucoup de prévenances, comme on accueille un hôte aimable ; elle avait bien vu d’un bon œil des relations amicales s’établir entre son compatriote québecquois et sa fille, ne faisant en cela, d’ailleurs, que se conformer au désir tacite de son mari ; elle avait bien aussi, après le retour de sa famille à Québec, ouvert à deux battants la porte de son salon à l’ami du colonel, à celui qui avait recueilli et soigné le malheureux officier blessé et mourant, à l’homme généreux qui avait rendu les derniers devoirs au planteur louisianais…

Elle avait bien fait tout cela ; mais jamais il ne lui était arrivée d’encourager autrement les assiduités de Lapierre, ni d’exercer une pression quelconque sur sa bien-aimée Laure.

Elle s’était montré satisfaite et n’avait peut-être pas suffisamment caché son mécontentement : voilà tout.

Lorsque, deux mois après son arrivée à Québec, Lapierre avait formellement demandé à Mme Privat la main de Laure, la riche veuve s’était déclarée très honorée de la démarche, mais elle avait complètement subordonné sa réponse à celle de sa fille.

Et ce n’est, en effet, qu’après avoir transmis à Laure la demande officielle de Lapierre et avoir reçu de la jeune créole une réponse favorable, que