Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/85

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gué l’or, lui avait refusé cette sorte d’intuition maternelle qui fait rechercher pour ses enfants, en dehors des jouissances de la fortune, les jouissances plus intimes du cœur et celles plus relevées de l’âme.

Pour certaines femmes du monde, qu’une piété bien entendue ou quelque saine idée de philanthropie n’éclaire pas, être heureux, c’est avoir assez d’argent pour se payer tous les fastueux caprices du "high life", et assez de notoriété pour que les membres de cette aristocratie-là ne vous rient pas au nez, malgré vos écus.

Mme Privat avait ces deux éléments de bonheur et s’en contentait. L’idée que ses enfants eussent besoin d’autre chose pour entrer, le front serein, dans la vie mondaine ne lui était jamais venue et – disons-le – ne pouvait lui venir.

Mariée fort jeune à un homme puissamment riche, elle était passée sans transition du doucereux couvent des Ursulines de Québec à l’opulente villa de son mari, en Louisiane. Il n’y avait, par conséquent, pas une heure dans son existence entière où elle n’eût été entourée des jouissances que procure la fortune, et tant loin que son souvenir pouvait se porter en arrière, elle n’y voyait que plaisir et bonheur.

Rien d’étonnant donc à ce qu’une femme élevée dans de semblables conditions ne vît pas au-delà l’horizon des jouissances matérielles et ne comprît point ces voluptés sublimes qui prennent naissance dans le cœur.

Mais, à part les considérations qui précèdent, une raison plus simple et moins métaphysique doit nous faire excuser Mme Privat de n’avoir point jusqu’alors compris sa fille et de la lancer si