Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/94

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Mme Privat resta stupéfaite.

Champfort, lui, jeta sur sa cousine un regard franchement admirateur. Le digne étudiant jubilait littéralement, et il faut bien dire que la figure décomposée de son rival n’était pas faite pour diminuer sa joie.

Celui-ci s’agita un moment sur son fauteuil, puis, après être passé successivement du pâle au vert et du vert au cramoisi, il se leva tout droit et, s’adressant à Mme Privat :

« Madame, dit-il avec une politesse cérémonieuse, auriez-vous l’extrême complaisance de me laisser quelques instants seul avec mademoiselle, votre fille ?… J’ai à l’entretenir de choses infiniment sérieuses, et il importe que cette conversation ait lieu sans retard.

— Je n’ai pas la moindre objection, répondit la veuve, assez étonnée, et j’espère bien que mademoiselle Privat sera assez convenable pour n’en pas avoir, elle non plus. »

Elle accompagna cette dernière phrase d’un regard sévère à l’adresse de sa fille, et attendit.

« Je suis à vos ordres, ma mère, répondit Laure avec calme.

— Très bien, ma fille, reprit Mme Privat, se disposant à quitter le salon : je n’attendais pas moins de votre obéissance… Et maintenant, ajouta-t-elle plus bas, en se penchant vers Laure, j’attends de ton amitié pour moi que tu répares ta maladresse de tout à l’heure et que tu sois aimable.

— Soyez tranquille, je serai très aimable, » répondit sur le même ton la jeune fille, avec un pâle sourire.

À peu près rassurée, la crédule mère rejoignit