Champfort, qui s’était dirigé vers la porte du salon, sans attendre qu’on l’invitât à déguerpir. Avant de passer le seuil, Mme Privat dit à Lapierre :
« Vous savez que nous vous attendrons pour souper… Tâchez de terminer bien vite vos petites affaires, et de conclure, cette fois, un traité de paix durable.
— C’est, en effet, un traité que nous allons faire, répondit audacieusement Lapierre, et j’ose espérer que les parties contractantes l’observeront scrupuleusement.
— Tant mieux. À bientôt donc !… Viens, Paul.
Champfort suivit sa tante ; mais, avant de refermer la porte du salon, il contempla une dernière fois la pauvre Laure, dont le fier et triste regard était fixé sur lui.
En une seconde, une immense colère fit bouillonner ses tempes… Il marcha rapidement sur Lapierre, et, dardant sur lui ses prunelles menaçantes, il lui dit d’une voix concentrée :
« Prends garde à toi, misérable, et pense à l’îlot de Saint-Monat ! »
Puis il rejoignit sa tante, qui s’éloignait sans avoir entendu …………………………………………………………………………
Trois quarts d’heure après, Lapierre et Laure rejoignaient, dans la grande salle à manger du cottage, les autres membres de la famille, qui n’attendaient plus qu’eux pour se mettre à table.
Lapierre était toujours pâle, comme d’habitude, mais sa figure rayonnait d’une façon singulière.
Quant à Mlle Privat, son teint animé et ses yeux brillants disaient assez le rude combat qu’elle venait de soutenir.