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Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/124

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9°S Montre ial, 3 novenil)re 1906. Album Universel (Monde Illustré) No 1175 ISrxreKiwt vé conformément r* l’acte <i»» droit» d’autour les pirates du golfe st-laurent Huito <i" UN DKAMB AU LAURADOR," publlô don» (Le Monde Illustré) Aiimni Universel KOMAN CANADIEN INEDIT (Suite) 1 I,, tout autour de ce vertigineux entassen, ,lc rochers chauves, 011 ne trouva que la s,>liti-.do, — mais 11011 le silence, car les oiseaux , m lient un vacarme étourdissant.

i en avoir fait le tour, — ce qui prit bien

une couple d’heures, — on dirigea la proue du

vers la baie de Kécarpoui, où l’on aurai-

.t-rtre des nouvelles du “Marsouin”, si

i i- aucun autre indice de la jeune femme

d, a e n’était arrivé à la connaissance des deux familles. A moment où le "Vengeur" embouquait 1’, a 1 ire de la baie, deux embarcations seau t des rives opposées et abordèrent le , ich avant même qu’il 11e fût complètement ijani- biùsé dans son mouillage. tait alors cinq heures de relevée, gens de la baie ne savaient rien de partient intéressant, — si ce n’est toutefois . v -s le petit jour, une goélette, ressembl i-it par ses agrès et sa voilure au “Marsouin” a:r remonté le golfe, mais si loin dans le sud qu’on ne pouvait jurer de rien. ’ ailleurs les fonds de cette goélette étaient I-, ii en rouge, tandis que la carène du “Marsouin avait toujours été enduite de goudron, c’est à-dire noire. —Ce sont eux! s’écria le capitaine Labarou: le 1>. ligeonnage de “leurs fonds” est une frime le ontrebandiers. En chasse, camarades!... ’ancre fut aussitôt remontée. Pics, la voilure étant orientée tribord amures le “Vengeur” se pencha sur son flanc gauélu- reprit sa course vers le golfe.—vers l’inconnu. I une la mer avait encore une couple d heure ; i monter, il s’agissait de profiter du couratit pour se rapprocher le plus possible des forbans qui fuyaient sur le “Marsouin” et de tâcher de les rattraper avant la nuit. ’ ’ais il devint bientôt évident que la goélette de ravisseurs avait une forte avance, car les lui -s marines furent en vain braquées sur le g lfe. dans toutes les directions: on 11e put la signaler. Veis le milieu de la nuit, le “Vengeur” passa ■ elques encablures du Petit-Mécatina, — du eût septentrional.—sans rien voir qui ressemblât de près ou de loin à une goélette. Contournant l’île au nord-ouest, il reprit sa course vers le large, longeant la côte occidentale de cette terre inhospitalière. ’ .i- il n’avait pas fait un demi-mille, que

: wi, — qui avait obtenu que son canot fût

i bord, — fut pris d’un désir aussi singu- 1 qu’impérieux. II demanda qu’on lui permit de gagner l’île -a pirogue et de séjourner là jusqu’au retour du “Vengeur." Mais, que comptes-tu faire dans ce pays de R hinson? lui demanda Arthur Labarou: il n’y i ’ un chat au milieu de ces rochers. .. l’attendrai ici le retour de la goélette.... 1 ’ ‘squaws" de Shécatica m’ont dit que la ( iiande-Ourse gardera petite mère sur une grande ile... Si c’était ici? Vous avons à peu près fait le tour du Mécati ia, et. tu vois, le “Marsouin” 11’y est pas. Ce doit être 1’“Anticoati qu’elles ont voulu désigner. Wlez à l’Anticosti, maître.. Moi. je vous attendrai ici, sur le Mécatina. Wapwi a dans la tête un petit oiseau qui chante: Viens! viens! l.e capitaine sourit tristement et demeura un instant songeur. Puis, se décidant tout à coup: —Allons, c’est dit... Puisque tu y tiens, je (1) Voir le numéro 117a de l’“Album Universel ”, et les suivants. gagner le plus tôt possible la zone d’ombre protectrice qui ourlait l’ile “mystérieuse.” Ce qu’il voulait tout d’abord, c’était se dérober aux regards humains, afin de pouvoir mener à bonne fin son petit programme d’investigations. Il entra donc dans la ceinture de ténèbres qui estompait la base capricieusement zigzagtiée des falaises septentrionales du Petit-Mécatina. Puis, quand il se crut absolument invisible, il cessa de pagayer et déposa doucement son aviron dans le fond du canot. Ses yeux perçants lui permirent de constater, en dépit de l’obscurité presque complète, qu’il se trouvait à deux ou trois encablures d’une muraille de rochers très élevés qui courait, vers sa gauche, jusqu’à la tête de l’île, et s’abaissait. au contraire, à mesure que le regard s’éloignait dans la direction méridionale. Wapwi, reprenant son aviron, pagaya doucement le cap au nord, longeant la muraille de roches à une distance qui lui permit de tout voir et entendre. Mais il n’alla pas loin. par le Dr Eugène Dick Le firmament, jusque là assombri, mais encore visible tout de même, s’était soudain transformé en cloaque noir comme de l’enc.’ï. Pas une étoile !... Pas même cette vague translucidité dans l’air qui semble garder, au milieu des nuits les plus noires, le reflet amoindri du jour qui s’en est allé ! Le néant, — pour tout dire. Le petit Abénaki, bouche bée, leva son aviron dans un geste de surprise et d’effroi involontaire. L’aviron toucha une voûte de pierre, qui bientôt s’enleva comme par enchantement, et tout bruit du dehors s’évanouit. Après les ténèbres, le silence. Le canot s’était arrêté doucement. Il avait heurté un fond malléable, car son immobilité presque subite n’avait en rien troublé l’équilibre du jeune nautonier qui le montait. Wapwi se demandait, en son âme de naïf sauvage, s’il ne venait pas de mourir et de tomber dans le pays des ombres. Mais un sourd murmure de voix, semblant venir du voisinage au-dessus de sa tête, le rapvais te faire donner des munitions, des vivres et du luminaire, et ton canot va être mis à la mer... Quand le “Vengeur” repassera, dans un jour ou deux, nous ferons escale pour te reprendre. Un quart d’In un 11e s’était pa^ écoulé, que Wapwi quittait le bord, dans sa pirogue bien approvisionnée, et disparaissait au sein de la zone d’ombre entourant les hautes rives du Petit-Mécatina. De son côté, le "Vengeur" se fondait bientôt dans la vague obscurité du golfe, la proue tournée vers l’île d’Anticosti... Au détour d’un cap qui faisait une forte saillie, il crut voir une vague clarté filtrant d’une crevasse élevée, presque au même niveau de la crête rocheuse, à une couple de cents pieds en avant. Le nocturne canotier crut d’abord à un effet de lune sur quelque roche ’uisante. Mais un court examen lui permit de se rendre compte que l’astre des nuits “brillait par son absence”, comme on dit, et que la clarté observée était bien d’une origine terrestre. Robinson Crusoë, en voyant l’empreinte de pieds nus sur la grève de son ile, ne fut pas plus étonné que Wapwi, à la vue d’une lumière “humaine” rayonnant au sein des rochers du Petit-Mécatina. “Us sont là!” se dit l’enfant. “ Ils ”, dans son idée, c’étaient sa petite mère Suzanne et ceux qui la gardaient, après l’avoienlevée. Aussitôt, dans une conception rapide comme l’éclair, Wapwi forma le projet de pénétrer dans cette forteresse de pierre et d’arriver jusqu’à la jeune femme, qu’il aimait comme un fils aime sa mère. Il se baissa pour reprendre son aviron. Mais, en se relevant, il éprouva la plus étrange sensation de sa vie... Nous laisserons la goélette continuer sa croisière vers le haut du golfe, à la recherche du “Marsouin”, pour suivre le canot du jeune Abénaki. Aussitôt installé dans son frêle esquif, un double aviron en mains, Wapwi ne s’amusa pas à -.e créer des fantômes imaginaires (ils le sont tous), — comme n’aurait pas manqué de le faire tout autre enfant de son âge en se voyant ainsi abandonné seul, en pleine nuit, dans les parages les plus déserts du grand fleuve canadien. Il se hâta de pagayer vers la rive, anxieux de r • La mère Noël ne lamentait à tous les saints du paradis 13