— Que pensez-vous de cette étrange maladie du cerveau chez une fille d’ailleurs très réservée ? questionna Thomas d’un air bonhomme.
— Ma foi, je ne sais trop qu’en dire… C’est bien ennuyeux, tout de même… murmura, en hochant la tête, le capitaine de la « Marie-Jeanne ».
— Eh bien, mon cher camarade, dit en conclusion Thomas, trouvez-vous à présent que je n’aie pas quelque raison de passer par Kécarpoui ?
— C’est votre devoir de surveiller ce qui se « brasse » chez vous, répondit franchement le Canadien.
Puis il ajouta aussitôt :
— Espérons que tout va bien et que le Micmac aura renoncé à ses projets.
— Oui, espérons-le. Autrement, voyez-vous.
— Eh bien ?
— Autrement je n’hésiterais pas à soustraire, pour un temps du moins, ma pauvre sœur à l’influence du mirliflore cuivré qui la poursuit, ou bien à…
— Achevez.
— À faire disparaître ce donneur de sort.
— Essayez d’abord le premier moyen : il sera moins dangereux pour votre tranquillité future, que le second.
Thomas parut réfléchir un moment.
Puis, tendant avec une amicale brusquerie sa main ouverte au capitaine de la « Marie-Jeanne » :
— Ma foi, camarade, vous êtes de bon conseil, dit-il. Merci. Je suivrai votre avis.
— Et vous ferez bien.
On se sépara pour regagner chacun son vaisseau.
CHAPITRE IV
UNE VISITE AUX MIC-MACS DE L’ÎLE DU SABLE
La « Marie-Jeanne », qui avait été la dernière à pénétrer dans le canal rocheux, fut d’abord reculée jusqu’à la mer, suivie de près par le « Marsouin ».
Puis on remit soigneusement en place la vieille voile « peinte à fresque. »
Et, l’appareillage étant terminé, les deux goélettes quittèrent les rochers du « Mécatina », naviguant de conserve pendant quelques minutes.