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Et le facétueux marin avait quelque raison de choisir, en cette circonstance, un saint à authenticité douteuse, car nous inclinons à croire qu’un véritable membre de la Cour Céleste se serait bien gardé de souffler dans les voiles d’un vaisseau qui venait d’accomplir la « jolie » besogne que l’on sait.


CHAPITRE IX

LA GRANDE OURSE ENTRE EN SCÈNE


Nous laisserons nos contrebandiers à leurs petites opérations, sans indiquer aux agents du fisc une seule des ruses du métier, étant persuadés que ces messieurs en savent pour le moins aussi long que nous sur ce sujet.

C’est à la baie de Kécarpoui, théâtre principal de notre drame, que nous retournerons, précédant de quelques heures seulement le retour du « Marsouin », chargé de liqueurs hérétiques et de… butin de naufrage.

Nous sommes au 20 juillet.

Il est dix heures du soir.

La nuit est belle, éclairée par une lune à son troisième quartier, que voilent souvent des nuages épais, mais rapides et fugitifs.

Cette succession d’éclairs blafards et de pénombre grise produit sur la rétine de l’œil qui l’observe une sorte d’éblouissement qui empêche la perception nette des objets.

À la porte du chalet des Noël, sous la large véranda qui fait face à la baie, un jeune homme et une jeune femme, pressés l’un contre l’autre, échangent de doux propos, ponctués par des accolades qui ressemblent fort à des baisers…

Chut ! ne troublons pas par des suppositions indiscrètes les épanchements de ce couple heureux que la blonde Phébé elle-même semble favoriser en tamisant, à travers l’ouate serrée des nuages, ses rayons couleur d’opale.

Ces deux jeunes gens, — avons-nous besoin de le dire ? — sont le capitaine Arthur Labarou et sa femme, Suzanne Noël.