Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/70

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— Si vous voyez une lumière tournée à bout de bras, Duval, envoyez-moi sans retard deux hommes armés.

— Je les tiendrai prêts, en cas d’avarie… Mais espérons que vous n’en aurez pas besoin.

— Qui sait !… murmura le capitaine, disparaissant dans la demi-obscurité qui planait sur la baie de Kécarpoui.

Il est bien vrai, le proverbe italien : « chi va piano, va sano », — qui va doucement, va bien !

Arthur Labarou devait en fournir, en cette circonstance, une probante illustration.

En effet, à mi-chemin de la rive, son aviron se rompit par le milieu, brisé sous l’effort mal calculé de ses bras.

Que faire ?

Sauter à l’eau et gagner terre en nageant ?

Mais il aurait peine à se mouvoir, tout vêtu et botté qu’il était !

Ou bien se dévêtir et enlever ses bottes ?

Cela prendrait plus de temps que de pagayer avec le tronçon d’aviron resté dans ses mains !

Il s’arrêta d’instinct à ce dernier parti, tout en bouillant d’impatience.

Enfin il aborda en quelques minutes et prit sa course vers le chalet.

Fatalité !… Suzanne avait disparu. La maison était en rumeur, et la mère Noël se lamentait à tous les saints du Paradis.

— Qu’est-il arrivé, mon Dieu ? demanda avec anxiété le capitaine.

— Eh ! le sais-je, moi ? répondit la mère de Suzanne. J’étais à l’intérieur… Je sommeillais un peu dans la chaise, je crois, quand tout à coup j’ai entendu un grand cri au dehors… Je suis accourue… Plus personne ! J’ai fait le tour du chalet, appelant Suzanne… mais aucune voix ne m’a répondu. Elle n’était donc pas avec vous ?

— Hélas ! chère mère, je venais de la quitter pour aller à mon yacht et, moi aussi, j’ai entendu le cri de détresse de la pauvre enfant… Aussitôt, j’accours, je cherche, j’appelle !… Néant !