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Et le capitaine, un instant affaissé, courba la tête.

Pénétrant dans l’intérieur du chalet, il se munit d’un fanal qu’il alluma, et revint sous la véranda, en face de la baie.

Alors, tournant à plusieurs reprises ce signal convenu tout à l’heure, il appela ses gens à la rescousse.

Puis, armé d’un revolver, il explora rapidement les alentours, espérant, — contre toute espérance, — trouver sa femme évanouie quelque part, sur la rive.

Mais les recherches n’aboutirent qu’à la découverte, bien importante, du reste, du fichu qu’elle avait au cou, ce soir-là.

L’endroit où cette trouvaille fut faite indiquait le chemin pris par les ravisseurs de la jeune femme, — si toutefois il y avait eu rapt.

L’article en question ayant été ramassé à un arpent du chalet, côté oriental, il devenait évident que les ravisseurs étaient venus par là, ou du moins qu’ils avaient pris cette direction pour s’en retourner avec leur proie.

Aussitôt, dans la pensée en fermentation du capitaine, tout un plan de campagne fut organisé.

Pendant qu’une escouade explorait les bois de la pointe orientale de la baie, jusqu’à l’ « Archipel des Sauvages », — comme on appelait alors le groupe d’îles éparpillées entre les rivières St Augustin et Shécatica, — le « Vengeur », lui, longerait la rive du fleuve, pour observer la côte et la mer.

Arthur Labarou, désormais fixé, revint au chalet.

L’époux alarmé avait fait place au marin habitué de commander.

Il alla droit à la chaloupe du bord, — que le commandant du « Vengeur », appelé par le signal convenu, avait conduite au rivage, — et dit à son subordonné, sans plus de commentaires :

— Duval, ma femme est disparue. On l’a enlevée. Je soupçonne les sauvages de « Shécatica ». Donnez-moi deux hommes et retournez à bord… Vous appareillerez dans une heure, au baissant. Ne laissez pas une anse inexplorée, jusqu’à l’Archipel des Sauvages.

— À vos ordres, capitaine ! répondit l’officier interpellé, se disposant à reprendre le large.

— Encore un mot… Ne vous éloignez pas