Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/83

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Partout autour de ce vertigineux entassement de rochers chauves, on ne trouva que la solitude, — mais non le silence, car les oiseaux y faisaient un vacarme étourdissant.

Après en avoir fait le tour, — ce qui prit bien une couple d’heures, — on dirigea la proue du vaisseau vers la baie de Kécarpoui, où l’on aurait peut-être des nouvelles du « Marsouin », si toutefois aucun autre indice de la jeune femme disparue n’était arrivé à la connaissance des deux familles.

Au moment où le « Vengeur » embouquait l’ouverture de la baie, deux embarcations s’élancèrent des rives opposées et abordèrent le yacht, avant même qu’il ne fut complètement immobilisé dans son mouillage.

Il était alors cinq heures de relevée.

Les gens de la baie ne savaient rien de particulièrement intéressant, — si ce n’est toutefois que, vers le petit jour, une goélette, ressemblant par ses agrès et sa voilure au « Marsouin » avait remonté le golfe, mais si loin dans le sud qu’on ne pouvait jurer de rien.

D’ailleurs les fonds de cette goélette étaient peints en rouge, tandis que la carène du « Marsouin » avait toujours été enduite de goudron, c’est à dire noire.

— Ce sont eux ! s’écria le capitaine Labarou : le badigeonnage de « leurs fonds » est une frime de contrebandiers. En chasse, camarades !…

L’ancre fut aussitôt remontée.

Puis, la voilure étant orientée tribord amures, le « Vengeur » se pencha sur son flanc gauche et reprit sa course vers le golfe, — vers l’inconnu.