Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/84

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Comme la mer avait encore une couple d’heure à monter, il s’agissait de profiter du courant pour se rapprocher le plus possible des forbans qui fuyaient sur le « Marsouin » et de tâcher de les rattraper avant la nuit.

Mais il devint bientôt évident que la goélette des ravisseurs avait une forte avance, car les lunettes marines furent en vain braquées sur le golfe, dans toutes les directions : on ne put la signaler.

Vers le milieu de la nuit, le « Vengeur » passa à quelques encâblures du Petit-Mécatina, — du côté septentrional, — sans rien voir qui ressemblât de près ou de loin à une goélette.

Contournant l’île au nord-ouest, il reprit sa course vers le large, longeant la côte occidentale de cette terre inhospitalière.

Mais il n’avait pas fait un demi-mille, que Wapwi, — qui avait obtenu que son canot fût à bord, — fut pris d’un désir aussi singulier qu’impérieux.

Il demanda qu’on lui permît de gagner l’île avec sa pirogue et de séjourner là jusqu’au retour du « Vengeur. »

— Mais, que comptes-tu faire dans ce pays de Robinson ? lui demanda Arthur Labarou : il n’y a pas un chat au milieu de ces rochers…

— J’attendrai ici le retour de la goélette… Les « squaws » de Shécatica m’ont dit que la Grande-Ourse gardera petite mère sur une grande île… Si c’était ici ?

— Nous avons à peu près fait le tour du Mécatina, et, tu vois, le « Marsouin » n’y est pas. Ce doit être l’Anticosti qu’elles ont voulu désigner.

— Allez à l’Anticosti, maître.. Moi, je vous attendrai ici, sur le Mécatina. Wapwi a dans la tête un petit oiseau qui chante : Viens ! viens !

Le capitaine sourit tristement et demeura un instant songeur. Puis, se décidant tout à coup :

— Allons, c’est dit… Puisque tu y tiens, je