Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le firmament, jusque là assombri, mais encore visible tout de même, s’était soudain transformé en cloaque noir comme de l’encre.

Pas une étoile !…

Pas même cette vague translucidité dans l’air qui semble garder, au milieu des nuits les plus noires, le reflet amoindri du jour qui s’en est allé !

Le néant, — pour tout dire.

Le petit Abénaki, bouche bée, leva son aviron dans un geste de surprise et d’effroi involontaire.

L’aviron toucha une voûte de pierre, qui bientôt s’enleva comme par enchantement, et tout bruit du dehors s’évanouit.

Après les ténèbres, le silence.

Le canot s’était arrêté doucement.

Il avait heurté un fond malléable, car son immobilité presque subite n’avait en rien troublé l’équilibre du jeune nautonier qui le montait.

Wapwi se demandait, en son âme de naïf sauvage, s’il ne venait pas de mourir et de tomber dans le pays des ombres.

Mais un sourd murmure de voix, semblant venir du voisinage au-dessus de sa tête, le rap-