Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/91

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pela soudain à la réalité et lui rendit son sang-froid habituel.

Il battit le briquet, alluma son fanal, — dont il avait eu la précaution de se munir, — et… regarda autour de lui.

Alors seulement il comprit…

Pendant qu’il observait la clarté jaillissant d’une fissure de la falaise, le reflux avait entraîné son canot sous une des nombreuses arcades, qui se voient à mi-marée, au niveau de l’eau.

Et l’embarcation s’y était engouffrée, poussée par le courant.

Cette constatation faite, et bien sûr d’être encore en ce bas-monde, Wapwi redevint absolument maître de lui.

Quant à sortir de là, il ne s’en préoccupa même pas, pour l’instant.

— Puisque je ne suis pas dans le pays des ombres, se dit-il, je finirai bien par revoir le jour.

Et il se mit à examiner curieusement, en élevant son fanal au-dessus de sa tête, le « wigwam » quasi-sous-marin où le jusant l’avait poussé.

Le sol, couvert de sable fin, se relevait en montée raide vers l’intérieur, — talus fortement cloisonné de piliers informes tapissés d’une mousse verdâtre.

Wapwi choisit le coin de la caverne le plus élevé au-dessus du niveau de la marée haute et s’y installa tant bien que mal, ayant soin de tirer à lui sa pirogue et de l’amarrer à une aspérité du roc.

Comme il était là à peine depuis cinq minutes, un chant bizarre, une mélopée traînante, solfiée d’une voix basse et gutturale, arriva jusqu’à ses oreilles, singulièrement intensifiée par les échos roulants des cavernes.