Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/114

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ne vaut ces premiers battements de notre cœur !

Georges en était là !

Jamais encore il n’avait aimé ; jamais un regard de femme ne l’avait fait frissonner sous ses brûlantes effluves ; jamais même — nous faut-il avouer cela ? — il n’avait poussé l’audace jusqu’à regarder une fille d’Ève dans le blanc des yeux…

Il était tout flambant neuf.

Aussi, l’expérience — avec ses enseignements et ses désillusions — ne pouvant lui venir en aide et mettre un frein salutaire aux juvéniles élans de son cœur, il fallait voir comme notre ami en tirait des bordées, toutes voiles dehors, sur la mer de l’idéal et en prenait de furieux ébats dans les domaines ombreux de l’amour !…

Dans ce chassé-croisé de folles rêveries et de romanesques désirs, le baroque coudoyait le fantastique, le chevaleresque donnait la main au donquichotisme.

Tout de même, elles passèrent comme les autres, ces heures de fièvre.

La nuit vint à son temps ordinaire — et quelle nuit, cadédis !

Une succession d’enchantements, un défilé de songes féeriques, une procession de cauchemars délicieux : des reines, des princesses, de simples bergères, vêtues de robes roses et étincelantes de séraphique beauté !

Jamais l’héroïne des Mille et une Nuits — Shéhérazade, la plus charmante des conteuses n’en fit tant voir au sultan des Indes !