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Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/113

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XVI


Pendant que ce noir complot s’ourdissait à quelques pas de lui, notre estimable compatriote, rentré depuis peu, se promenait fiévreusement dans sa mansarde.

Il est, dans la vie de tout homme, des heures solennelles où chaque minute laisse sur le cœur la trace indélébile de son passage, où l’aiguille du temps, en glissant sur le souvenir, y creuse un sillon qui ne se referme jamais.

Et, parmi ces heures critiques dont nous gardons la mémoire jusqu’au tombeau, il faut placer en tête celles où le cœur s’ouvre pour la première fois à l’amour.

Nous nous plaisons toujours à évoquer ce coquet fantôme de notre premier amour ; et, chose étrange, plus les années nous en éloignent, plus les nuages du temps s’interposent entre lui et nous, plus il grandit, plus ses contours se dessinent hardiment au milieu des nuages roses de notre adolescence…

C’est qu’alors, en nous, toute est flamme qui brille et feu qui consume. Nos illusions sont intactes, et notre cœur n’a pas plutôt entrebâillé sa porte, qu’elles prennent leur volée, comme une nichée de jeunes hirondelles, rendues à la liberté.

Nous entourons la femme aimée d’un nimbe de grâces enchanteresses, et c’est d’une main assurée que nous lui badigeonnons une auréole de vertu… qui s’évanouit trop souvent et trop tôt, hélas !

Rien n’égale les ardeurs et les enthousiasmes de cette phase dorée de la vie humaine ! rien