Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tiens et tu m’as laissé boire goutte à goutte le calice de la souffrance, sans jamais avoir une parole de consolation pour le vieux martyr. Tu as été impitoyable : je suis à mon tour impitoyable. Esmé, tu vas mourir !

L’infortunée princesse se tordit les bras avec désespoir.

— Ô Dieu de mes pères ! exclama-t-elle, mettez donc un atome de pitié dans le cœur de ce monstre.

— Madame, vous n’avez plus que cinq minutes à vivre, dit froidement Ahmed.

— Accordez-moi jusqu’à demain, mon bon seigneur.

— Donnez-moi une heure…

— Non.

— Une demi-heure…

— Pas une minute.

— Hélas ! hélas ! il faut donc mourir ! Ô ciel de ma patrie, rives aimées de Corfou, parages bénis de l’archipel ionien, je ne vous reverrai donc plus ! Et vous, mes chers parents, donc j’ai à peine connu les caresses, adieu !

— Plus qu’une minute ! articula le terrible Turc.

— Je suis prête, bourreau ; fais ton œuvre, tyran sanguinaire. Puisse la haine que je te porte me suivre dans le paradis de Mahomet, afin que je la déverse sur tes nuits sans sommeil !

Ahmed leva son cimeterre.

Mais un incident qui se produisit arrêta son bras prêt à frapper.