Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/18

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En outre, c’est elle qui, pendant des années et des années, avait frictionné de liniments anodins, les membres rhumatisants du souffreteux notaire, et corrigé, par des pilules désobstruantes, ses voies digestives en état de délabrement. La digestion et la macération ne l’embarrassaient pas plus que l’infusion et la décoction. Elle s’était arrangé un petit laboratoire et composé une superbe collection d’herbages bienfaisants. Ils étaient beaux à voir ses richissimes amas de verge d’or, de chicorée, de chiendent, de coquelicot, de centaurée, de camomille, de mauve, de dent-de-lion, de bardane, de douce-amère, de sauge, de menthe, de sang-dragon, de sureau blanc, de graine de lin, pissenlit… et que savons-nous encore ! Elles étaient appétissantes à contempler, dans leurs coquettes petites boîtes, les nombreuses pilules purgatives et apéritives, dont la prévoyante Marguerite avait en outre enrichi sa pharmacie !

Il y avait là de quoi purger un régiment entier de montagnards écossais, depuis le colonel jusqu’au dernier fantassin.

Mais de semblables aubaines étant rares et messieurs les militaires buvant d’habitude assez d’ale et de porter pour n’avoir point à redouter d’encombrement intestinal, disons de suite que toutes ces médecines, patentées ou non, était accumulées là pour l’usage exclusif du vieux notaire.

Marguerite — qui, comme feu M. Purgon avait la toquade de purger — s’était constituée d’au-