— Il faut que tu te soignes…
— Mais…
— Que tu prennes ce soir même une bonne tisane carminative.
— Mais je ne vous ai pas dit que j’étais molesté dans le moment actuel.
— Tu en as eu !
— Oh ! mon oncle, si peu, si peu.
— C’est égal ; l’ennemi est dans la place ; il faut le déloger avant qu’il ne se fortifie.
— Le soir, je n’ai pas l’ombre d’un de ces maudits gaz dans tout le parcours de mon tube intestinal.
— Tu pourrais en avoir ; ça revient au même.
Il faut prévenir les choses.
Et l’entêté bonhomme, reprenant son austère figure de tuteur, tira le cordon d’une sonnette, dont le gland de soie pendant à sa portée.
Marguerite parut, une immense pot de tisane fumante à la main.
— Voilà ! Voilà ! dit-elle précipitamment, en déposant sur un guéridon la précieuse liqueur. Les graines de fenouil étaient un peu coriaces ; il m’a fallu un temps pour terminer la décoction !… Enfin, nous y sommes… et si vos borborygmes tiennent contre cela, je déclare que je ne m’y entends plus en médecine et que les carminatifs ne valent pas l’eau bouillante que l’on verse dessus…