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Feuilleton de L’ÉVÉNEMENT
du 18 décembre 1875

UNE HORRIBLE AVENTURE.


XI


Quand Georges Labrosse prenait une résolution — ce qui lui arrivait très-rarement — il s’y cramponnait avec l’énergie du désespoir, et s’y acculait, de telle sorte, qu’il se mettait lui-même dans l’impossibilité d’en choisir une autre. Comme toutes les natures molles et peu trempées, il lui en coûtait trop d’adopter une fois un parti, pour recommencer le fatigant travail d’esprit nécessité par une première détermination.

Lors donc que notre héros avait manifesté à haute voix son intention d’avoir une aventure, c’est que tout un plan s’était développé dans sa tête et s’y était installé comme chez lui, bien résolu de n’en point sortir.

Des décisions qui s’emparent de votre cervelle avec un pareil sans-gêne ne se discutent pas ; elle se subissent.

C’est ce qui arriva pour Georges.

Il se résigna à son idée et poussa même l’abnégation jusqu’à se montrer de bon compte avec elle. Il la choya, la dorlota, lui tressa des guirlandes de folles rêveries et de vaporeuses illusions… tant et si bien qu’il en devint éperdûment amoureux et n’en aurait pas démordu pour le sérail d’Abdul-Medjid.