Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/88

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Il avait donc là, sous son regard ardent, à quelques pieds de lui, cette femme mystérieuse qui devait jouer un si grand rôle dans sa vie, cette femme que la triple auréole de la grandeur, de la beauté et du malheur rendait trois fois digne d’adoration ! Il se la représentait pâle et triste, ses beaux grands yeux en pleurs, songeant à la patrie absente, à cet Orient si poétique, que Georges lui-même avait tant de fois entrevu, dans son salon de Québec, à travers les nuages roses de son imagination.

Seule dans sa triste mansarde, sans une amie pour la soutenir au milieu des épreuves de chaque jour, sans une confidente pour recevoir le trop-plein de ses douleurs, à quoi pouvait en effet penser la malheureuse jeune fille, si ce n’est à ce beau ciel de son pays, qui lui rappelait les seules joies pures de sa vie !

Pour elle, l’espérance — cette suprême fiche de consolation de tous ceux qui souffrent — était une sanglante ironie, une amère dérision. Les désenchantements s’étaient succédé, dans le cours de son existence, avec trop de rapidité, pour n’avoir pas tari à jamais la source de ses illusions ; et c’est en vain que l’infortunée princesse levait vers l’avenir son regard suppliant : le ciel n’avait pas le plus petit coin bleu pour l’enfant de l’antique Grèce !

Voilà ce que se disait Georges,