Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 1, Hachette, 1911.djvu/395

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serait prononcé, je n’ai pas parlé de lui ; est-ce que j’en ai parlé ? »

Mme Varden répliqua purement et simplement qu’elle perdait patience, et s’élança après les deux autres. L’infortuné serrurier attacha son ceinturon, ceignit son sabre, mit son chapeau et sortit.

« Je ne suis pas bien ferré sur l’exercice, dit-il à voix basse, mais je me tirerai encore mieux d’affaire de cette besogne-là que de celle-ci. Chaque homme est venu au monde pour quelque chose ; mon département semble être de faire pleurer toutes les femmes sans le vouloir. C’est un peu fort ! »

Mais il n’avait pas encore atteint le bout de la rue qu’il avait déjà oublié cet incident. Il continua son chemin avec une figure rayonnante, faisant un signe de tête en passant devant chaque voisin, et répandant autour de lui ses salutations amicales comme une douce pluie de printemps.


CHAPITRE XLII.

Les volontaires royaux de Londres oriental offrirent ce jour-là un brillant spectacle : formés en lignes, en carrés, en cercles, en triangles et mille autres figures, avec leurs tambours battants et leurs drapeaux flottants, ils exécutèrent un nombre immense d’évolutions compliquées, et le sergent Varden ne fut pas des derniers à s’y faire remarquer. Après avoir déployé au plus haut point leur prouesse militaire dans ces scènes guerrières, ils marchèrent au pas, dans un ordre éblouissant, vers Chelsea Bun-House, et se régalèrent jusqu’à la nuit dans les tavernes adjacentes. Puis, au son du tambour, ils reformèrent leurs rangs, et retournèrent, parmi les vivat des sujets de Sa Majesté, au lieu d’où ils étaient venus.

Cette marche vers le logis fut quelque peu retardée par la conduite peu militaire de certains caporaux, gentlemen d’ha-