Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 2, Hachette, 1911.djvu/329

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traînant jusqu’à lui, pendant qu’il était là debout, le pied enraciné dans le sol, à regarder la muraille nue et vide ; ne croyez-vous pas qu’il me reste encore quelque chance ? C’est une fin si terrible ! une fin si terrible pour un homme comme moi ! Ne croyez-vous pas qu’il se trouvera quelque chance, je ne dis pas pour vous, mais pour moi ? Parlez bas, que celui-là (montrant Hugh) ne nous entende pas : c’est un tel garnement !

— Allons, dit le gardien, qui venait de faire sa ronde en dedans et en dehors avec les mains dans ses poches, et qui bâillait comme s’il s’ennuyait à mourir, allons, mes gars, il est temps de rentrer !

— Non, pas encore, cria Dennis ; pas encore : il s’en faut d’une heure.

— Dites donc…. il paraît que votre montre a bien changé d’allure, reprit le gardien ; j’ai vu le temps où elle avançait : elle a maintenant le défaut contraire.

— Mon ami, criait la misérable créature en tombant à genoux, mon cher ami, car vous avez toujours été mon cher ami, il faut qu’il y ait quelque méprise. Il y a, j’en suis sûr, quelque lettre égarée, quelque messager qui aura été arrêté en route. Qui sait s’il n’est pas tombé de mort subite ? J’ai vu comme cela, une fois, un homme tomber roide mort dans la rue ; je l’ai vu de mes yeux, et même il avait des papiers dans sa poche. Envoyez demander. Que quelqu’un aille aux informations. Il n’est pas possible qu’ils veuillent me pendre ; c’est tout à fait impossible…. Mais si ; j’y pense, ils veulent me pendre, reprit-il en se relevant sur ses pieds avec un cri d’angoisse. Ils veulent me pendre par surprise, et c’est pour cela qu’ils retiennent la grâce qu’on m’a faite. C’est un complot contre ma vie, ils veulent que je la perde. »

Et poussant un autre hurlement, il tomba par terre dans une crise de nerfs.

« Voyez-vous le bourreau, quand c’est son tour ! répéta Hugh, pendant qu’on emportait son camarade. Ha ! ha ! ha ! Courage, brave Barnabé ! ça ne nous fait rien à nous. Votre main. D’ailleurs ils font bien de nous retirer du monde : car, s’ils nous relâchaient, nous ne les tiendrions pas quittes à si bon marché, hein ? Encore une poignée de main ; ou ne meurt qu’une fois. Si vous vous réveillez la nuit, vous n’avez qu’à