Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/165

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gure, nous apporte de tristes nouvelles relativement à notre infortuné Richard. »

Il appuya sur le mot infortuné, comme s’il avait voulu faire entendre que Richard devait une grande partie de son malheur à ses relations avec M. Vholes, qui, sans bouger le moins du monde, porta son gant noir à sa figure jaune dont il écorcha discrètement les boutons rouges.

« Et comme vous êtes l’amie de Richard, poursuivit M. Jarndyce, je serais bien aise d’avoir votre avis sur cette malheureuse affaire. Voulez-vous être assez bon, monsieur, pour redire une seconde fois ce que vous m’appreniez tout à l’heure ?

— Je disais, miss Summerson, reprit donc M. Vholes, qu’en ma qualité de conseiller judiciaire de M. Carstone, j’avais lieu de connaître que la position pécuniaire de ce jeune homme était fort embarrassée ; moins par rapport au montant de la somme exigible que parce que la dette est pressante et que les moyens de M. Carstone pour en acquitter le total se trouvent assez restreints. J’ai détourné pendant quelque temps les poursuites dont il était menacé ; mais chaque chose a des bornes, et je suis arrivé aux dernières limites du possible. J’ai acquitté de ma poche plusieurs petites créances dont il faut nécessairement que je sois remboursé, car je ne suis pas riche, et, de plus, j’ai un vieux père à ma charge dans la vallée de Taunton, sans parler des devoirs que m’impose l’avenir de mes trois filles. Je ne vois pas que M. Carstone puisse sortir de l’impasse où il est engagé, à moins qu’il n’obtienne la permission de vendre son brevet, ce que, dans tous les cas, j’ai cru nécessaire d’apprendre à sa famille.

— Figurez-vous le malheureux n’ayant même plus sa paye d’officier, me dit mon tuteur ; que deviendra-t-il ? Pauvre enfant ! vous le connaissez, Esther ; jamais il n’acceptera rien de moi ; lui offrir quelque chose serait l’irriter davantage. Voyez-vous un moyen ?

— La remarque de M. Jarndyce est malheureusement d’une exactitude rigoureuse, dit M. Vholes en s’adressant à moi. Je ne vois pas qu’on puisse rien faire pour changer la situation actuelle, et je n’ai pas dit qu’il y eût quelque chose à tenter, loin de là ; je suis venu simplement pour vous informer confidentiellement de la position où se trouve M. Carstone, afin qu’on sache bien où il en est et où il va, ayant pour habitude d’agir ouvertement en affaires, et pour unique désir celui de laisser un nom sans tache à mes filles. Si je n’avais consulté que mes propres intérêts, je me serais abstenu de cette démarche, qui n’a rien