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cusez-moi de parler devant vous d’une chose aussi peu agréable pour une lady. »

Il s’était échauffé en parlant, et n’avait plus besoin de réfléchir.

« Quand je dis cela, il ne faut pas croire que j’aimerais plus qu’un autre à être pendu, poursuivit-il ; je veux seulement exprimer que je dois sortir d’ici blanc comme neige ou pas du tout. Si donc ils élèvent contre moi quelque chose qui est vrai, je les confirme dans leur opinion ; et quand ils me disent : « Prenez garde, il sera fait usage de tout ce que vous direz, » je leur réponds : « C’est pour cela que je vous le dis. » S’ils ne découvrent pas mon innocence au fond de la vérité, comment la trouveront-ils ailleurs ? et y parviendraient-ils, que je n’y attacherais aucun prix. »

Il fit quelques pas dans la cellule, et se rapprochant de la table vers laquelle nous étions :

« Merci mille fois de votre attention, mademoiselle, et vous aussi, messieurs ; merci mille fois plus encore de l’intérêt que vous me portez. C’est là qu’en sont les choses ; du moins pour un ancien sergent dont l’esprit n’a pas plus de fil que le tranchant d’un vieux sabre. Je n’ai jamais rien fait de bon dans ma vie, excepté mon devoir comme soldat ; et si la potence est au bout, je récolterai ce que j’ai semé. Dès que j’ai eu surmonté le premier éblouissement qui m’a pris en me voyant arrêté comme assassin, et pour un homme qui a roulé comme moi et qui en a vu de toutes les couleurs, ça n’a pas été long, j’ai envisagé l’affaire et j’en suis arrivé au point où vous me voyez, et j’y reste. Personne ne sera déshonoré par ma condamnation ; personne n’en souffrira ; c’est là tout ce que j’avais à dire. »

La porte s’était ouverte au moment où le maître d’armes avait pris la parole, et un homme droit et sec, un ancien militaire probablement, était entré dans la cellule en même temps qu’une femme, qui, son panier au bras, les yeux vifs et brillants, la peau brunie par le vent et le soleil, avait écouté M. Georges avec une extrême attention. Le maître d’armes s’était contenté de les saluer d’un regard affectueux, et avait continué son discours ; mais dès qu’il eut terminé tout ce qu’il avait à dire, il échangea une poignée de main cordiale avec les nouveaux venus, et nous les présenta en nous disant que l’un était Matthieu Bagnet, son plus ancien camarade, l’autre sa femme, mistress Bagnet.

« De bons, de véritables amis, ajouta-t-il ; c’est chez eux que l’on m’a pris.

— Avec un violoncelle d’occasion, dit M. Bagnet en hochant