afin de lui faire connaître ce qu’elles renferment ; n’est-ce pas là ce qui est convenu ? demande M. Guppy en rongeant avec inquiétude l’ongle de son pouce gauche.
— Parlez plus bas, William ! c’est en effet ce qui est convenu entre nous.
— Et vous savez que…
— Parlez plus bas, dit encore M. Weevle. » M. Guppy fait un signe affirmatif rempli de sagacité, avance la tête auprès de celle de Tony et poursuit à voix basse : « Vous savez que la première chose à faire est de fabriquer un paquet de lettres pareil à celui que vous recevrez ; de manière que, s’il vous demandait à les voir pendant qu’elles seront chez moi, vous puissiez lui présenter le faux paquet.
— Et s’il découvre la fraude, ce qui est cent fois plus que probable, avec son œil en tire-bouchon ? insinue M. Weevle.
— Eh bien ! dans ce cas-là, vous lui dites franchement la chose : ces lettres ne lui appartiennent pas, ne lui ont jamais appartenu ; vous l’avez découvert et vous avez remis ces papiers entre les mains d’un juriste de vos amis… pour… plus de sécurité. S’il exige qu’on les lui montre, on les lui produira ; tout ça n’est-il pas clair ?
— S…i, répond M. Weevle avec une répugnance évidente.
— Vous dites ça d’un air étrange, fait observer son ami. Vous ne doutez pas de moi, Tony ; vous ne soupçonnez pas ?…
— Je sais ce que je sais, William, et je ne soupçonne rien, répond gravement Tony.
— Et que savez-vous ? » demande l’autre avec autorité en élevant un peu la voix.
Mais son ami ayant renouvelé sa recommandation de « parler plus bas, » il répète ces mots, en les articulant des lèvres seulement :
« Que savez-vous, Tony ?
— Je sais trois choses : primo, que nous chuchotons en secret comme une couple de conspirateurs.
— Ce qui vaut mieux que d’être une couple de niais, comme nous le serions à coup sûr si nous agissions autrement, car ce serait le moyen de faire avorter l’affaire. Secundo ?
— Qu’il ne m’est pas démontré que cette affaire puisse être profitable. »
M. Guppy jette les yeux sur le portrait de lady Dedlock, et répond à M. Weevle :
« Tony, je vous demande de vous en rapporter à l’honneur de votre ami. Non-seulement l’affaire en question doit lui servir