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préparé lorsque nous y arriverons, et qu’il envoie un autre courrier à la poste suivante. Ne vous effrayez pas, ma pauvre amie ; tout va bien ; pardonnez-moi d’être aussi familier ; comptez sur ma vieille expérience ; je ne peux pas vous en dire davantage quant à présent ; mais vous me connaissez et vous ne doutez pas de moi. »

Je lui répondis que certainement il savait mieux qu’un autre ce que nous avions à faire ; mais était-il bien sûr de ne pas se tromper ? et ne pouvais-je pas, tandis qu’il irait à Londres, poursuivre ma route vers le nord à la recherche de… ma mère ? lui dis-je, dans ma détresse, en lui prenant une seconde fois la main.

« Je le sais, chère demoiselle, je le sais ; croyez-vous que je voudrais vous tromper, moi, l’inspecteur Bucket ; ne me connaissez-vous pas ? Allons, reprenez courage, et soyez sûre que je tiendrai la promesse que je vous ai faite ainsi qu’au baronnet sir Leicester Dedlock. »

Et nous suivîmes de nouveau la triste route que nous venions de parcourir, broyant le givre et délayant la neige qui rejaillissait autour de nous comme l’eau battue par la roue d’un moulin.


CHAPITRE XXVIII.

Un jour et une nuit d’hiver.

Toujours impassible comme il convient à son rang, l’hôtel Dedlock conserve sa dignité native dans cette rue d’une noblesse effrayante au milieu de laquelle il est situé. De temps en temps, des valets à tête poudrée regardent par les petites fenêtres de l’antichambre cette poudre franche d’impôt[1] qui ne cesse de tomber du ciel, puis ils rapprochent au plus vite leur belle livrée fleur de pêcher de la grande cheminée, où ils oublient le froid piquant dont on souffre au dehors. On dit à ceux qui se présentent que milady est allée à Chesney-Wold et qu’on l’attend d’une heure à l’autre.

Les rumeurs qui vont et viennent ne veulent pas courir

  1. La poudre à cheveux paye en Angleterre un impôt assez élevé.
    (Note du traducteur.)