Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/314

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« Une bonne idée, reprit M. Bucket en l’aidant à me l’attacher, une excellente idée.

— Puis-je aller avec vous ? demanda M. Woodcourt.

— Certainement ! » s’écria M. Bucket.

Et ils me placèrent entre eux, enveloppée du manteau.

« Je viens de quitter Richard, me dit M. Woodcourt ; j’ai passé la nuit auprès de lui.

— Est-ce qu’il est malade ?

— Non, mais il n’est pas bien portant ; vous savez comme il est tourmenté, abattu par moments ; hier au soir il était plus accablé que jamais. Éva me fit demander ; j’étais sorti, je trouvai son billet en rentrant et je courus aussitôt chez eux ; il était à peu près dix heures. Richard se mit à causer, s’anima peu à peu ; et comme cette chère Éva, dans sa joie de le voir ainsi, m’attribua le mieux qu’il éprouvait, je suis resté auprès de lui jusqu’à ce qu’il fût complétement endormi ; j’espère qu’Éva ne dort pas moins profondément. »

Pouvais-je séparer dans mon esprit l’affection et les soins dont il les entourait, la confiance qu’il leur avait inspirée, les consolations qu’il donnait à ma chère fille, de la promesse qu’il m’avait faite ? et n’aurait-il pas fallu que je fusse bien ingrate pour oublier ces paroles qu’il m’avait dites à son retour, lorsque, tout ému de l’altération de mon visage, il m’avait répondu en me parlant de Richard : « Je l’accepte comme un dépôt sacré. »

« Monsieur Woodcourt, lui dit M. Bucket au moment où nous quittions Chancery-Lane pour entrer dans une rue fort étroite, nous avons affaire chez un papetier qui demeure ici, un certain M. Snagsby… Mais vous le connaissez bien, ajouta-t-il ; un coup d’œil lui avait suffi pour le deviner immédiatement.

— Je le connais un peu, répondit M. Woodcourt, je suis même allé chez lui.

— Vraiment, monsieur ? Voudriez-vous avoir la bonté, continua-t-il, de rester un instant avec miss Summerson ; j’ai un mot à dire à ce papetier. »

Le dernier agent de police à qui M. Bucket avait parlé nous avait suivis en silence et se trouvait derrière nous ; je ne m’en étais pas aperçue et ne m’en serais pas doutée, si à l’observation que je fis sur des pleurs que je croyais entendre, il ne m’avait répondu :

« Ne vous effrayez pas, mademoiselle ; c’est la servante de M. Snagsby.

— La pauvre fille est sujette à de certains accès, ajouta