Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/344

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

adieu. Bonsoir, jusqu’à demain. Adieu pour toujours à ce rêve de votre cœur. »

Il me laissa ; je restai à la fenêtre, regardant au dehors. Toute ma force m’avait abandonnée depuis son départ, et les larmes qui ruisselaient de mes yeux me voilèrent bientôt la vue de la rue qu’il avait prise en me quittant.

Mais ce n’était pas de chagrin que je pleurais ; non. Il m’avait appelée sa bien-aimée ; il m’avait dit que je lui serais toujours aussi chère qu’à présent ; et il me semblait que mon cœur ne pourrait jamais contenir la joie triomphante que j’éprouvais de ces aveux. Non, il n’était pas trop tard pour les entendre, car il n’était pas trop tard pour en être heureuse, reconnaissante et meilleure. Combien la voie que j’avais à suivre était plus douce et plus facile que la sienne !


CHAPITRE XXXII.

Une autre découverte.

Ce soir-là je n’eus le courage de voir personne ; je n’eus pas même celui de me regarder ; j’avais peur des reproches que mes larmes pourraient m’adresser. Je montai dans ma chambre, je fis ma prière et je me couchai sans y voir ; je n’avais pas besoin de lumière pour lire la lettre de M. Jarndyce, car je la savais par cœur. C’est là que je la pris, dans mon cœur où je l’avais serrée : j’en fis la lecture à la clarté de l’amour loyal et pur qui y éclatait à chaque mot, et, avant de m’endormir, je la mis avec moi sur mon oreiller.

Le lendemain, je me levai de bonne heure et j’appelai Charley pour aller faire un tour de promenade. Nous rapportâmes des fleurs pour embellir le déjeuner ; nous les arrangeâmes avec soin, tout en nous dépêchant le plus possible ; et comme il nous restait encore beaucoup de temps avant qu’on se mît à table, je proposai à Charley de lui donner une leçon. La chère enfant, chez qui l’article grammaire était toujours très-défectueux, accueillit ma proposition avec joie, et nous y apportâmes toutes les deux autant d’application que d’empressement.

Mon tuteur, en entrant dans la salle à manger, s’écria que j’étais aussi fraîche que mes roses ; et mistress Woodcourt nous