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Il prit ma main qu’il baisa. Tout son calme lui était revenu, et je me sentis plus de courage.

« Tout me porte à croire, repris-je, que vous avez réussi dans vos démarches.

— Oui, répondit-il ; vous connaissez trop bien M. Jarndyce pour que j’aie besoin de vous dire combien il m’a aidé là dedans ; à vrai dire, c’est à lui que je dois tout mon succès.

— Que Dieu l’en récompense et qu’il vous bénisse en tout, dis-je à M. Woodcourt en lui donnant la main.

— Ces vœux m’aideront puissamment à remplir mes nouveaux devoirs, que je regarderai désormais comme un autre dépôt sorti de vos mains, miss Summerson.

— Et Richard ! m’écriai-je involontairement, qu’est-ce qu’il deviendra lorsque vous serez parti ?

— Je ne suis pas forcé de quitter Londres tout de suite ; et je ne l’abandonnerais pas, soyez-en sûre, alors même que je serais obligé de me rendre immédiatement à mon poste. »

J’avais encore à lui parler d’autre chose avant de nous séparer. Je me serais crue moins digne de son amour si je le lui avais caché.

« Vous serez content, je n’en doute pas, lui dis-je, d’apprendre par moi-même que c’est un avenir brillant que celui qui m’est réservé, un avenir qui me rendra heureuse et qui aujourd’hui ne me laisse rien à ambitionner. »

Cette nouvelle lui faisait, en effet, beaucoup de plaisir, répondit-il.

« J’ai toujours été, depuis mon enfance, ajoutai-je, l’objet de l’inépuisable bonté du meilleur de tous les hommes ; et j’ai pour lui tant d’affection et de reconnaissance, que ma vie tout entière ne suffira pas à lui exprimer les sentiments qu’il m’inspire.

— Et que je partage, dit-il ; car vous parlez de M. Jarndyce.

— Vous connaissez toutes ses vertus, lui dis-je ; mais peu de personnes ont été à même d’apprécier autant que moi la supériorité de son caractère ; c’est précisément dans la manière dont il a préparé cet avenir qui doit me rendre si heureuse, que la grandeur de son âme m’a été complétement révélée : si votre respect et votre admiration ne lui étaient pas acquis depuis longtemps, vous les lui accorderiez pour l’amour de moi, j’en suis sûre, en recevant l’assurance de la noblesse dont il a fait preuve à mon égard. »

Il me répondit avec chaleur que je ne devais pas en douter. Et lui donnant la main de nouveau : « Bonsoir, lui dis-je, et