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CHAPITRE XXXV.

Nouvelle carrière.

La session était rouverte, et mon tuteur avait trouvé à son retour du Yorkshire un papier où M. Kenge lui notifiait que la cause serait appelée dans deux jours.

Comme je fondais assez d’espoir sur le testament pour que cette nouvelle me causât une certaine émotion, nous convînmes, Allan et moi, de nous rendre à l’audience le jour indiqué par M. Kenge. Richard était extrêmement agité ; sa faiblesse était si grande, bien qu’il ne fût malade que d’esprit, que ma pauvre amie avait un grand besoin d’être entourée et soutenue. Cependant elle portait, comme elle me l’avait dit, ses regards sur un avenir prochain, sur l’aide puissante qu’elle attendait bientôt, sans se laisser abattre un seul instant.

C’était à Westminster que la cause devait être appelée. C’était bien pour la centième fois déjà et toujours sans résultat ; mais je ne pouvais m’ôter de l’esprit que nous touchions enfin à l’arrêt définitif. Nous partîmes aussitôt après le déjeuner, pour arriver de bonne heure à Westminster, et nous suivîmes les rues vivantes qui nous y conduisaient, tout surpris et tout joyeux de les parcourir ensemble.

Tandis que nous marchions sans rien voir, faisant des plans pour Éva et pour Richard, j’entendis quelqu’un s’écrier :

« Esther ! ma chère Esther ! »

C’était Caddy Jellyby, qui, la tête à la portière d’une petite voiture qu’elle prenait pour aller donner ses leçons (elle avait maintenant tant d’élèves !), semblait vouloir m’embrasser à distance. Je lui avais écrit un mot pour lui dire tout ce que mon tuteur avait fait ; mais je n’avais pas trouvé le moment d’aller jusque chez elle. Nous revînmes sur nos pas ; et, dans sa joie de me revoir et de me rappeler la soirée où elle m’avait apporté les fleurs que j’avais attribuées à Prince, elle parut tellement décidée à m’écraser la figure, y compris mon chapeau qu’elle prenait à deux mains, à m’appeler des noms les plus tendres et à raconter follement que je lui avais rendu je ne sais plus quels services, que je me vis obligée de monter dans sa