Page:Dickens - Contes de Noël, traduction Lorain, 1857.djvu/442

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temps après l’heure du crépuscule… D’autres n’ont voulu voir, dans le fantôme, autre chose que la représentation de ses sombres pensées, et dans Milly, pas autre chose que la personnification des vertus de Redlaw.

Quant à moi, je ne dis rien,
xxxx… Excepté ceci : que tandis qu’ils étaient réunis dans l’antique salle, sans autre lumière que celle d’un grand feu (le dîner ayant eu lieu de bonne heure), les ombres s’échappèrent de nouveau de leurs retraites et vinrent danser dans la salle, montrant aux enfants des formes et des figures merveilleuses sur les murs, et changeant graduellement les objets réels et familiers en objets étranges et magiques.

Mais il y avait surtout une chose vers laquelle les regards de Redlaw, ceux de Milly et de son mari, ceux du vieillard, de l’étudiant et de sa fiancée, étaient fréquemment tournés, sans que les ombres parvinssent à l’obscurcir ou à l’altérer. Éclairée par la lueur du feu, qui lui donnait un air de gravité plus que jamais imposante, et se détachant de l’obscure boiserie comme un visage vivant, la figure sereine du portrait, avec, la barbe et la fraise, dans son encadrement de vert feuillage de houx, baissait les yeux sur les convives, lorsque ceux-ci levaient les yeux pour les regarder. Et au-dessous du portrait, il y avait ces mots, clairs et distincts, comme si une voix les eût prononcés :

Seigneur, conservez-moi la mémoire !

FIN