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LES CARILLONS.


I

Premier quart.


Il est peu de personnes (et comme c’est une chose fort à désirer que l’auteur d’un récit quelconque et ses lecteurs s’entendent parfaitement dès le principe, remarquez, je vous prie, que je n’applique pas seulement cette observation à la jeunesse et à l’enfance, mais que je l’étends à tout le monde, sans distinction, aux grands comme aux petits, aux vieux comme aux jeunes, à ceux qui sont encore dans l’âge de la croissance, comme à ceux qui tendent vers leur déclin), il est peu de personnes, dis-je, qui se soucieraient volontiers de dormir dans une église. Je ne dis pas pendant le sermon, par un temps bien chaud (on sait bien que cela s’est vu, ne fût-ce qu’une fois ou deux), mais, la nuit, et tout seul.

Ah ! si c’était en plein jour, il n’y aurait pas là de quoi étonner les gens. Mais, non, c’est la nuit ; c’est de la nuit seulement qu’il est question. Et je me charge de maintenir mon défi victorieusement, pendant la première nuit d’hiver qu’on voudra, une nuit bien noire, par un grand vent, contre le premier champion venu qui viendra me trouver seul à seul dans un vieux cimetière, devant la porte d’une vieille église, après m’avoir autorisé au préalable, si cela est nécessaire pour lui donner satisfaction, à l’y enfermer jusqu’au lendemain matin.

Car le vent de la nuit a une façon lugubre d’errer autour, tout autour de ces vieux édifices, avec des gémissements prolongés, en essayant d’ébranler de sa main invisible les portes et les fenêtres et de découvrir quelque crevasse par laquelle il puisse passer. Puis, lorsqu’une fois il est entré, comme quel-